Le magnétisme de plus en plus plébiscité (dans le domaine médical notamment) ou juste une libération de la parole des patients qui osent admettre consulter un magnétiseur en complément d'un traitement médical...
Le magnétisme peut-il soulager les douleurs et les brûlures ?
La main d’un magnétiseur ou d’un coupeur de feu peut-elle réellement soulager les douleurs, les brûlures ou les maladies de peau ? Loin de rejeter la question, des médecins s’interrogent.
« Quand la magnétiseuse a passé sa main au-dessus de ma tête, je lui ai demandé d’arrêter tellement ça bouillonnait. Quand elle est passée sur mon sein, je n’ai rien ressenti. Au niveau du foie, elle m’a dit qu’il était totalement engorgé. » Isabelle, 57 ans, cherchait à retrouver de l’énergie après un cancer du seinet plusieurs opérations de reconstruction qui l’ont laissée « complètement vidée ». Après trois séances chez une magnétiseuse, elle a retrouvé la forme et – effet complètement inattendu – elle a cessé de se goinfrer de chocolat.
Les témoignages comme celui d’Isabelle n’étonnent pas vraiment dans le milieu de la cancérologie. D’autres spécialités médicales, notamment la dermatologie, voient les patients recourir de plus en plus au magnétisme.
Qu’est-ce que le magnétisme ?
Le magnétisme est une pratique de soins énergétiques. Selon ses praticiens, le corps humain émettrait des champs électromagnétiques avec des fréquences particulières au niveau des mains. En transmettant cette énergie à un patient, le magnétiseur cherche à le revitaliser et à soulager ses douleurs. Certains praticiens, plus spécialisés sur les brûlures, sont appelés «coupeurs de feu» ou «barreurs de feu».
Comment se déroule une séance de magnétisme ?
Les mains constituent l’outil de travail du magnétiseur. Il ne touche pas la personne qui vient le consulter, mais passe plutôt ses mains au-dessus de certaines zones du corps. Les patients disent ressentir des sensations de chaud ou de froid, des picotements et, au final, une détente. Certains magnétiseurs font payer la séance. D’autres, estimant qu’ils ont reçu un «don», préfèrent le partager gratuitement.
Consulter un magnétiseur : pour quelles maladies ? quels bienfaits ?
Magnétisme et cancer
L’Association francophone des soins oncologiques de support (Afsos), qui accompagne des malades du cancer, fait référence au magnétisme dans son «livret patient» dédié aux pratiques non conventionnelles. « Il fait partie des pratiques les plus utilisées par nos patients, aux côtés de l’acupuncture, l’aromathérapie, le jeûne ou la phytothérapie. Les patients cherchent avant tout à atténuer les effets indésirables des traitements, stimuler leurs défenses naturelles, améliorer leur qualité de vie. L’important, c’est que cela n’interfère pas avec le traitement », explique le Pr Ivan Krakowski, président de l’Afsos.
En radiothérapie, il n’est pas rare que des patients consultent un «coupeur de feu», un magnétiseur qui stoppe les brûlures, pour limiter les effets secondaires du traitement. « Les trois-quarts de nos patients nous en parlent », confirme la docteure Isabelle Martel-Lafay, radiothérapeute au Centre anti-cancer Léon-Bérard de Lyon, avant de préciser : « Certains centres fournissent à leurs patients des listes de coupeurs de feu, mais nous refusons de le faire pour des raisons déontologiques. »
Mais le magnétisme n’attire pas seulement les malades du cancer. D’autres patients y ont recours pour combattre la fatigue, stimuler leurs défenses immunitaires, soulager des douleurs, des brûlures ou une maladie de peau.
Magnétisme et maladies de peau
Stéphanie Mehrand, fondatrice de l’Association française de l’eczéma reçoit des témoignages en ce sens, notamment des parents désespérés de voir leur enfant couvert de plaques rouges. « En allant voir un coupeur de feu, l’objectif est de couper cette sensation, la souffrance que notre peau nous inflige, chaude, brûlante, douloureuse. Nous sommes tous à la recherche de la baguette magique pour nous soigner », admet-elle.
La docteure Stéphanie Mallet, onco-dermatologue au CHU de Marseille, ne s’en formalise pas : « Nos patients sont très demandeurs de médecines complémentaires, dont des magnétiseurs et des coupeurs de feu. On ne peut pas le nier. Le patient qui voit un magnétiseur pour son eczéma veut guérir. C’est le point positif. Le point négatif, c’est qu’il pense qu’il y a quelque chose à enlever dans son corps. Cela signifie qu’il n’a pas compris le mécanisme de la maladie et du traitement. Ce patient sera un très bon répondeur au programme d’éducation thérapeutique que nous avons mis en place avec un infirmier, un pharmacien, un diététicien, un psychologue et un sophrologue. »
Magnétisme : quelles preuves scientifiques d’efficacité ?
Le magnétisme est-il efficace ? Seule certitude : il ne répond pas aux critères de la «médecine basée sur les preuves». Aucune étude scientifique sérieuse n’a prouvé une efficacité. C’est la raison pour laquelle le Dr Alain Toledano, président de l’institut Rafaël spécialisé dans les soins de support post-cancer, n’accueille aucun magnétiseur dans son établissement : « Je n’ai pas d’a priori contre le magnétisme. Mais il faudrait démontrer ses bienfaits. Je veux savoir à qui je confie mes patients. »
Cette étude sur l’efficacité du magnétisme, le Pr Krakowski est prêt à la lancer : « L’Afsos a créé un groupe de recherche en lien avec les Centres de lutte contre le cancer. Mais trouver un financement est assez compliqué. » En tant que spécialiste de la douleur, il admet volontiers que le magnétisme puisse avoir un effet placebo :
« Ces pratiques n’ont pas fait la preuve de leur efficacité, mais elles sont susceptibles de soulager les patients. L’effet placebo est un mécanisme physiologique connu qui a un réel impact sur la douleur. »
Des recherches en cours sur l’efficacité du magnétisme
Le magnétiseur Arnault de Chicourt a, en 2019, mené une expérience avec l’aide du laboratoire Aquiderm. Après avoir «magnétisé» des cellules de peau humaine, une augmentation de marqueurs de cicatrisation a été noté. Un résultat troublant, mais pas suffisant pour prouver une efficacité.
La réponse viendra peut-être des travaux du Pr Grégory Ninot. Son équipe de l’université de Montpellier élabore un modèle de validation des INM (interventions non médicamenteuses) - dont le magnétisme - afin de trier le bon grain de l’ivraie : « Si certaines de ces pratiques sont efficaces, il faut les intégrer dans le système de soins. Or, pour l’instant, c’est l’omerta. » En amont de cette étude, il incite les patients à partager leur expérience avec les scientifiques en témoignant sur le site www.experienceinm.fr.
Le magnétisme ne constitue en aucun cas un traitement
Le Gnoma (Groupement national pour l’organisation des médecines alternatives) et le Snamap (Syndicat national des magnétiseurs et praticiens des méthodes naturelles et traditionnelles) le précisent dans leur charte de bonnes pratiques, à retrouver sur leur site. Un magnétiseur ne formule pas de diagnostic et ne suggère jamais à un patient de stopper son traitement médical. Il ne reçoit pas non plus un mineur sans la présence d’un parent. « Il se fait un devoir d’apaiser, de soulager ou d’atténuer, jusqu’à la limite de ses moyens, la souffrance de ceux ont recours à lui. »
https://www.santemagazine.fr/medecines-alternatives/autres-pratiques/le-magnetisme-peut-il-soulager-les-douleurs-et-les-brulures-901525